mercredi 24 novembre 2010

Nicolas Sarkozy veut « repenser » la rémunération des médecins


Le chef de l'Etat prône le développement de la rémunération au forfait pour les praticiens libéraux et des aides pour ceux qui s'implantent dans les déserts médicaux.

Nicolas Sarkozy a annoncé mardi 23 novembre au congrès des maires de France qu'il allait « complètement repenser le statut et la rémunération » des médecins libéraux, évoquant le développement du paiement au forfait. Ce serait une petite révolution pour les médecins de ville, qui tirent l'essentiel de leurs revenus du paiement à l'acte. Même si « la rémunération à l'acte restera la base », a ajouté le chef de l'Etat. Il doit recevoir vendredi les propositions d'Elisabeth Hubert, chargée d'une mission pour renforcer l'attractivité de la « médecine de proximité », alors que les étudiants s'en détournent.


L'ancienne ministre de la Santé l'a confié la semaine dernière, son rapport proposera plusieurs niveaux de rémunération. Le paiement à l'acte doit garder « toute sa place » pour les soins les plus simples, a-t-elle indiqué. Pour des interventions complexes, par exemple lorsqu'un médecin doit coordonner les soins prodigués à une personne âgée atteinte de multiples pathologies et faisant de fréquents séjours à l'hôpital, c'est le forfait qui doit prendre le relais.

L'Ordre des médecins et les syndicats de praticiens sont d'accord sur le principe. La CSMF, premier syndicat de libéraux, est favorable au forfait pour la rémunération des tâches administratives, des actions de prévention ou de la permanence des soins. « Nous accepterons une diversification de la rémunération, même si le paiement à l'acte doit rester prépondérant », explique son président, Michel Chassang. « Il est urgent de développer le forfait pour les médecins traitants, qui ne sont pas correctement payés lorsqu'ils coordonnent les soins des patients », demande Claude Leicher, du syndicat de généralistes MG France.

Nicolas Sarkozy veut aussi s'attaquer aux déserts médicaux, ces campagnes et banlieues où les praticiens commencent à manquer. Des incitations seront données aux étudiants en médecine qui « s'engageront à s'implanter » dans ces régions à l'issue de leurs études, a annoncé le président (des collectivités financent déjà des aides aux étudiants). « Je crois à l'incitation pour lutter contre la désertification médicale », a complété le ministre de la Santé, Xavier Bertrand, à l'Assemblée. Des majorations d'honoraires sont déjà prévues dans ces zones sous-dotées, mais elles sont réservées aux professionnels qui s'installent en cabinet de groupe. « C'est absurde et donc sans effet », critique Michel Chassang.

Les pénalités prévues pour les médecins qui refusent de prêter main-forte à leurs collègues dans les zones sous-dotées, elles, ne sont plus à l'ordre du jour. Prévues par la loi Bachelot de 2009, elles ne sont jamais entrées en vigueur, faute de décret. Elles devraient être totalement supprimées, par le biais d'une proposition de loi du sénateur UMP Jean-Pierre Fourcade. « Cette loi doit être votée rapidement », réclame Michel Chassang. La reconquête de l'électorat des médecins, annoncée par Nicolas Sarkozy au lendemain de la défaite des régionales en mars, est plus que jamais à l'ordre du jour.

Source: LesEchos.fr
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