dimanche 21 novembre 2010

Sommet de l'OTAN : entente sur un retrait progressif d'Afghanistan et sur sur un bouclier antimissile

Les dirigeants de l'Otan ont décidé samedi de retirer leurs troupes de combat d'Afghanistan d'ici quatre ans et gagné enfin la coopération de la Russie pour la mise en oeuvre d'un bouclier antimissile en Europe. Ces décisions très attendues ont permis au secrétaire général de l'Otan Anders Fogh Rasmussen de parler d'"un des sommets les plus importants de l'histoire" de l'Alliance atlantique, qui aura également consacré une nouvelle stratégie pour la décennie ainsi qu'une transformation profonde de sa structure de commandement.

L'Afghanistan au coeur du sommet de l'OTAN
Les 28 chefs d'Etat et de gouvernement réunis deux jours à Lisbonne ont donné leur aval à une stratégie de sortie d'une majorité de leurs 150.000 soldats à mesure que la responsabilité des combats sera transférée à l'armée afghane, tout en s'engageant à soutenir à long terme le gouvernement de Kaboul.


"Nous avons lancé le processus par lequel le peuple afghan va redevenir maître de sa propre maison", a souligné M. Rasmussen.

Ce passage de relais devrait débuter au plus tard à l'été 2011, et se poursuivre jusqu'à la fin 2014.
Le président américain Barak Obama a affirmé que l'Otan avait réussi à "briser l'élan" des talibans. Un responsable de la Maison Blanche a néanmoins reconnu que de "durs combats" attendaient encore les pays de l'Isaf, la force internationale commandée par l'Otan, tandis que les talibans promettaient une nouvelle fois "la défaite" de l'opération alliée.

"Si les talibans ou qui que ce soit d'autre attend de nous voir dehors, ils peuvent l'oublier. Nous resterons aussi longtemps que nécessaire pour finir le travail", a affirmé M. Rasmussen.

Même si un des alliés les plus proches de Washington, le Royaume-Uni, s'est engagé, par la bouche du Premier ministre David Cameron, à avoir retiré toutes ses troupes de combat en 2015. Avec 10.000 soldats, le contingent britannique est le second en importance en Afghanistan. M. Rasmussen a souligné qu'avec le président afghan Hamid Karzaï avait été conclu "un partenariat à long terme qui va perdurer au-delà de notre mission de combat". Pendant la période de transition, au lieu d'être en première ligne, les troupes internationales exerceront de plus en plus un rôle de soutien et d'instruction militaire au profit de l'armée afghane. Mais elles continueront à l'exercer après 2014, a-t-il ajouté. Cette décision marque cependant un tournant, qu'une certaine lassitude des opinions publiques occidentales laissait prévoir.

Autre événement phare de la journée, le sommet Otan-Russie, qui a permis d'abord aux dirigeants occidentaux d'obtenir de Moscou un clair signal d'appui à sa politique afghane.
"Notre sécurité est indivisible", a déclaré M. Rasmussen devant les 29 participants, dont le président Dmitri Medvedev.
Le dernier sommet Otan-Russie s'était tenu à Bucarest en avril 2008, mais la guerre russo-géorgienne d'août de la même année avait provoqué le gel de la coopération entre l'alliance occidentale et Moscou, avant que les deux parties ne s'entendent pour la relancer en 2009. Un accord avec la Russie améliorant le transit ferroviaire d'équipements destinés aux troupes de l'Otan en Afghanistan via le territoire russe et des Républiques d'Asie centrale a été conclu, et quelque 21 hélicoptères de transport russe seront fournis à l'Afghanistan, une fois le financement bouclé. Moscou a aussi consenti à relancer la coopération, suspendue depuis le début 2008, sur un programme de protection des soldats en opérations contre les missiles. Mais surtout, malgré sa méfiance traditionnelle à l'égard de tout ce qui pourrait menacer sa force de dissuasion nucléaire, la Russie s'est ralliée à l'idée d'une coopération sur le bouclier antimissile destiné à protéger aussi le territoire européen. "Nous avons des projets ambitieux, nous allons travailler tous azimuts y compris sur la défense antimissile européenne", a déclaré M. Medvedev en jugeant "révolue" la "période très difficile de tension" que venaient de traverser l'Otan et la Russie.

Après la mort vendredi d'un autre soldat, le bilan provisoire cette année est passé à 654 décès dans les rangs de l'Isaf, un record.

L'Otan adopte son concept stratégique, accord sur un bouclier antimissile
Les dirigeants de l'Alliance atlantique ont adopté vendredi à Lisbonne un nouveau concept stratégique qui guidera son action pour les dix ans à venir, se mettant d'accord sur un bouclier antimissile, a annoncé le secrétaire général de l'Otan Anders Fogh Rasmussen. "Nous avons adopté notre concept stratégique", a-t-il indiqué au cours d'une conférence de presse.

Ce document de 11 pages, qui remplace un précédent document datant de 1999, mentionne un système antimissile destiné à protéger les populations et les territoires de l'Alliance atlantique, qui sera désormais "un des éléments centraux de (leur) défense collective". "Les États-Unis et nos alliés de l'Otan ont réalisé aujourd'hui des progrès substantiels", s'est réjoui le président américain Barack Obama. "Je suis heureux d'annoncer que pour la première fois, nous nous sommes mis d'accord pour développer un système de défense antimissile suffisamment puissant pour couvrir le territoire européen de l'Otan et ses populations, de même que les États-Unis", a-t-il ajouté, avant de se dire "très optimiste sur le fait que ce sommet de Lisbonne fera date".

Enfin, le président russe Dmitri Medvedev a confirmé samedi que Moscou allait travailler avec l'Otan sur le bouclier antimissile en Europe, en soulignant que son pays avait des projets "ambitieux" de coopération avec l'alliance. "Nous avons des projets ambitieux, nous allons travailler tous azimuts y compris sur la défense antimissile européenne", a-t-il déclaré à l'issue d'un entretien avec le Premier ministre italien Silvio Berlusconi. M. Medvedev a rendu à M. Berlusconi un hommage appuyé pour avoir travaillé "avec fermeté" au rapprochement de l'Otan et de la Russie durant la récente période de tension entre ces deux dernières. "Je voudrais vous remercier en particulier, Silvio, pour votre rôle constant, amical et constructif", a-t-il dit, au terme d'un sommet Otan-Russie, le premier depuis la brouille occasionnée par le conflit russo-géorgien. "Vous êtes un politique très expérimenté", lui a-t-il encore lancé devant la presse, en assurant que "les liens entre la Russie et l'Italie peuvent servir de modèle de coopération entre un pays membre de l'Otan et de l'Union européenne, et la Russie". Un bémol est arrivé plus tard dans la soirée : le président russe Dmitri Medvedev a prévenu que la réponse positive donnée par la Russie à l'Otan pour travailler à un bouclier antimissile en Europe était conditionnée à la qualité de cette collaboration.

Appui exceptionnel
Le ministre allemand des Affaires étrangères, Guido Westerwelle, a lui aussi estimé que ce week-end allait rester "dans les annales, au moins de l'Otan". Il a jugé "historique et sensationnel que la Russie participe" à la réunion, au cours d'un sommet prévu samedi. L'Otan va d'ailleurs demander à la Russie, ainsi qu'à "d'autres partenaires euro-atlantiques", de coopérer dans le domaine de la défense antimissile, précise le concept stratégique.

Barack Obama a par ailleurs obtenu vendredi un appui assez exceptionnel des alliés européens des États-Unis à la ratification rapide du traité de désarmement nucléaire russo-américain START signé en avril, que bloquent encore des membres de l'opposition républicaine au Sénat. "Le message que m'ont transmis mes collègues de l'Otan ici ne pouvait pas être plus clair : un nouveau START renforcera notre alliance et renforcera la sécurité européenne", a-t-il déclaré à l'issue d'une première séance de travail du sommet de l'Otan.

Réduction du nombre de têtes nucléaires
Anders Fogh Rasmussen a abondé en son sens : "Je regretterais profondément que la ratification du traité START" par le Congrès des États-Unis "soit retardée". "La retarder nuirait à la sécurité des Européens", a-t-il insisté. Barack Obama avait tenté jeudi de forcer la main des républicains du Sénat qui hésitent à examiner avant 2011 le document signé avec la Russie. "Il ne s'agit pas de politique, mais de sécurité nationale", a-t-il insisté, expliquant que l'absence de ratification mettrait en cause la sécurité nationale américaine, mais aussi les relations avec Moscou. Washington ne peut se permettre de "jouer" avec le contrôle des arsenaux nucléaires russes, a-t-il plaidé, alors que l'administration Obama veut renouer avec Moscou après les années difficiles de l'ère Bush.

Le nouveau START prévoit une réduction de 30 % du nombre de têtes nucléaires détenues par les deux superpuissances atomiques - elles concentrent à elles seules plus de 90 % des armes de ce type - et des vérifications mutuelles plus transparentes. De son côté, l'Otan souhaite que cette hypothèque soit levée au plus tôt, car celle-ci ne peut qu'empêcher le développement de la coopération avec la Russie et de nouveaux progrès dans le désarmement en Europe que l'alliance appelle de ses voeux.

Source: NICOLAS SARKOZY - COMITE DE SOUTIEN 2012 
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