mardi 16 novembre 2010

Nicolas Sarkozy fixe ses priorités

Nicolas Sarkozy a livré ses priorités aux Français pour les dix-huit mois à venir, et ce deux jours après le remaniement gouvernemental. Pour sa première intervention télévisée depuis le 12 juillet dernier, le chef de l'Etat s'est exprimé en direct de l'Elysée. Voici les principaux thèmes abordés lors de cette interview, diffusée sur TFI, France 2 et Canal + :



Le remaniement : «J'ai une grande confiance en François Fillon, il est très compétent et nous travaillons ensemble sans aucun nuage depuis des années, affirme Nicolas Sarkozy. «Le choix d'un premier ministre, c'est le choix de l'intérêt général et je n'ai aucun regret», insiste-t-il. Dans un contexte de crise, le chef de l'Etat défend «le choix de la stabilité». Et lance : «Le meilleur premier ministre de la France, j'ai considéré que c'était François Fillon».

Rendant toutefois hommage à Jean-Louis Borloo «à la hauteur de la situation» dans la crise du carburant, comme dans la gestion de la tempête Xynthia, Nicolas Sarkozy affirme qu'il aurait souhaité que cet «homme de très grande qualité reste» au gouvernement. Cherchant ensuite à défendre le fait qu'il y ait encore des ministres d'ouverture, Nicolas Sarkozy cite les noms de Didier Migaud, d'Eric Besson et de Michel Mercier, «très proche de François Bayrou». «Ce n'est pas un gouvernement partisan».

Interrogé sur la longévité de Fillon III, le chef de l'Etat affirme que cette équipe devrait durer jusqu'à la fin de son mandat «sauf imprévu». En conclusion, il lance, pour finir d'expliquer sa décision d'un remaniement : «Il y avait un certain nombre de ministres en bout de course».

L'immigration et l'identité nationale : Nicolas Sarkozy a estimé ce soir que "le débat sur l'identité nationale a provoqué des malentendus", mais a affirmé qu'il ne "renonçait pas" à cette notion. Le ministère de l'Immigration et de l'Identité nationale, promesse de campagne de Nicolas Sarkozy, a disparu du nouveau gouvernement Fillon. L'Immigration a été ajoutée au portefeuille de l'Intérieur de Brice Hortefeux. "J'ai renoncé à l'identité nationale comme mots parce que cela suscite des malentendus, mais sur le fond je n'y renonce pas", a-t-il encore dit. Le débat sur l'immigration "n'a pas été compris", a déploré le président de la République lors de son intervention télévisée, défendant la maîtrise du flux migratoire.

Le président de la République Nicolas Sarkozy a défendu lors d'une intervention télévisée ce soir la maîtrise de l'immigration, pour éviter le "'collapse' de notre système d'intégration". "Ce que veut la République française, c’est que les étrangers qui viennent s’intègrent"; a affirmé le chef de l'Etat. Quand on ne prend pas les moyens d’assurer cela, on risque "l’explosion sociale", a-t-il souligné. Concernant la population musulmane, il a souhaité "islam de France, et non pas un islam en France". 'Nous ne voulons pas de femmes enfermées dans des prisons, fut-elle de textiles", a-t-il affirmé.

La réforme des retraites : Tout en s'affirmant conscient de la nécessité de renouer le dialogue avec les partenaires sociaux, Nicolas Sarkozy défend une nouvelle fois son texte, et tient à «rendre un hommage signalé» à l'ancien ministre du Travail, Eric Woerth. S'adressant aux Français, il se veut rassurant : «Sachez qu'il y a l'argent pour payer vos retraites. En 2020, le régime sera excédentaire».

Interrogé sur «l'antisarkozysme» apparu dans ces manifestations, il affirme qu'il doit en effet «se remettre en question». Evoquant les exemples de Barack Obama, Angela Merkel ou Jose-Luis Zapatero, dont la popularité est également mise à mal, le chef de l'Etat lance : «C'est normal que le président, qui est reponsable soit celui qui porte la colère, l'inquiétude et la mauvaise humeur des gens».

Le cas Eric Woerth : Nicolas Sarkozy s'emploie à défendre son ancien ministre du Travail. «Eric Woerth a suscité mon admiration par son courage et sa dignité dans la réforme des retraites (…) C'est un homme profondément honnête et quand il sera sorti de ses ennuis, j'espère qu'on pourra retravailler ensemble». Sur les raisons de son départ du gouvernement, le chef de l'Etat affirme «qu'il lui serait plus facile de se défendre s'il n'était plus ministre» et qu'il «ne veut pas avoir à gérer des rendez-vous judiciaires inévitables», parallèlement à des responsabilités ministérielles. Ces propos viennent contredire ceux de l'ancien ministre, qui affirmait ce week-end encore vouloir «rester».

Les Roms : «Il n'y a pas eu de stigmatisation» martèle le chef de l'Etat. Qualifiant les déclarations de la commissaire européenne à la Justice, Viviane Reding, de «honteuses et blessantes», il souligne que «la Commission n'a rien trouvé à redire à l'action de la France et n'a pas saisi le Cour européenne de justice». Nicolas Sarkozy invoque également le Pape, qui a dit selon lui : «Les étrangers doivent respecter les lois des pays d'accueil et respecter (son) identité nationale».

L'affaire des écoutes présumées de journalistes : Le président assure que «jamais, à aucun moment, d'aucune façon», il ne s'est préoccupé «d'espionner des journalistes», à propos d'une enquête policière pour identifier une source du journal Le Monde dans l'affaire Bettencourt.

L'Ecologie : Le président Nicolas Sarkozy a estimé aujourd'hui que l'Ecologie restait un "ministère considérable", alors que de nombreuses ONG se sont inquiété de son périmètre réduit et assuré que Nathalie Kosciusko-Morizet serait "associée à toutes les décisions" sur le dossier de l'énergie. La nouvelle ministre "aura la fixation des prix de l'énergie pour toutes les énergies renouvelables et elle sera associée à toutes les décisions sur l'énergie", a déclaré M. Sarkozy. "Donc, c'est un ministère considérable", a-t-il ajouté. Le dossier clé de l'énergie a été transféré à Bercy à l'occasion du remaniement ministériel, provoquant la colère et l'inquiétude des ONG qui craignent un recul du gouvernement sur ses engagements en matière d'environnement, et notamment les énergies renouvelables. Interrogé sur le fait que "NKM" n'avait pas obtenu le titre de ministre d'Etat, qu'avait son prédécesseur Jean-Louis Borloo, M. Sarkozy a répondu que celle-ci était "une jeune ministre, qui a beaucoup de talent". "C'est une femme, elle est tout en haut de la hiérarchie gouvernementale, elle est à la tête d'un ministère considérable", a-t-il poursuivi. "Certes, elle n'est pas ministre d'Etat, mais vous conviendrez avec moi que ce n'est quand même pas le plus important", a-t-il ajouté. "Sa compétence en matière environnementale est totale et a été saluée comme telle", a-t-il encore dit. Nicolas Sarkozy s'était engagé avant l'élection présidentielle de 2007 à attribuer le titre de ministre d'Etat au ministre en charge du développement durable, en signant le pacte écologique de Nicolas Hulot. A cet égard, le président français a indiqué s'être entretenu au téléphone avec l'animateur de télévision, qui avait jugé de "très mauvais augure" le fait que l'énergie soit transférée à Bercy. "Je vais vous faire une confidence, M. Hulot m'a appelé pas plus tard qu'aujourd'hui", a lancé M. Sarkozy, sans plus de détails.

Le risque terroriste : est «particulièrement élevé». Nicolas Sarkozy s'est dit " spécialement inquiet" pour les otages français au Mali, et a invité les Français à ne pas aller dans cette région. Il s'est dit en revanche "un peu moins" inquiet pour les journalistes de France3 détenus en Afghanistan, même si leur situation est "complexe". Les otages sont détenus dans la région de Timérine, dans le nord-est du Mali, près de la frontière algérienne. Ils ont été enlevés dans la nuit du 15 au 16 septembre. Intervenant à la télévision, le chef de l'Etat a affirmé que la France ne changera pas "un iota" sa politique "au motif que nous sommes menacés".

La dépendance : Nicolas Sarkozy annonce «une grande consultation», puis «des décisions à l'été 2011». «Quand on n'est pas autonome, on en n'est pas moins humain», lance-t-il, annonçant également souhaiter «la création d'une nouvelle branche de la Sécurité sociale : le cinquième risque.»

La réforme de la fiscalité : Comme cela était attendu, Nicolas Sarkozy annonce une réforme pour 2011 : «On va vers une suppression du bouclier fiscal, de l'ISF et la création d'un impôt sur le patrimoine». «Le déficit de compétitivité avec l'Allemagne est inacceptable» estime-t-il, en voulant «créer une zone à fiscalité homogène». «Il n'y aura pas d'augmentation d'impôts», répète-t-il. Et enfin : «Le chômage reculera l'année prochaine, l'économie repart, on peut s'en sortir!»

G20 : «On ne peut plus rester dans cette pagaille monétaire» estime le président qui affirme qu'«il faut un nouveau système pour financer le développement en Afrique» et que «la France devrait montrer l'exemple sur la taxation des transactions financières».

2012 : Interrogé sur une candidature à l'élection présidentielle de 2012, Nicolas Sarkozy a affirmé à la télévision qu'il n'avait pas encore pris sa décision et qu'il la prendrait dans un an. "Je pense, quelque part à l'automne de l'année 2011", a-t-il répondu, solennel, après plusieurs secondes de silence, lorsque la question lui a été posée. "C'est une décision très personnelle", a-t-il aussi ajouté."Les gens m'ont élu pour que travaille jusqu'à la dernière minute, pas pour que je m'organise" en vue d'une nouvelle élection, a-t-il affirmé.

Justice : Nicolas Sarkozy a confirmé mardi soir à la télévision son intention de mettre en place des jurés populaires dans les tribunaux correctionnels. Il a aussi annoncé son souhait de voir les juges d'application des peines épaulés par des civils quand ils se prononcent sur des libérations conditionnelles. Les jurés populaires ne siègent actuellement que dans les cours d'assises pour juger des crimes, où ils sont neuf en première instance et douze en appel. Les tribunaux correctionnels, qui jugent les délits, sont composés de trois magistrats professionnels. A la différence des cours d'assises, il rédigent et motivent leurs jugements en droit comme en fait.De même, il a dit avoir été "étonné" par des verdicts de tribunaux correctionnels, pour indiquer qu'il "ne serait pas maladroit d'imaginer un système où, pour les délits les plus graves et dans des conditions que le Garde des Sceaux débattra, il y ait matière à faire entrer des jurés populaires dans les tribunaux correctionnels". Le président de la République va demander au Premier ministre et au ministre de la Justice de mettre en oeuvre une telle réforme qui permette de "rapprocher la justice des citoyens". Il faut selon lui réfléchir "à un système où désormais, aux côtés du juge d'application des peines, il puisse y avoir des citoyens qui prennent avec lui la décision de libérer ou non un criminel".

Source : par NICOLAS SARKOZY - COMITE DE SOUTIEN 2012, mardi 16 novembre 2010, à 23:22
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