Dans un message en cours d'authentification, le chef de l'Aqmi exige que les négociations pour la libération des cinq Français prisonniers soient conduites par le chef d'al-Qaida. «La politique de la France ne sera pas dictée à l'extérieur», a prévenu Michèle Alliot-Marie.
Oussama Ben Laden deviendrait-il interlocuteur clé pour la libération des cinq employés français d'Areva et de Satom, capturés en septembre au Niger par al-Qaida au Maghreb islamique (Aqmi) ? Dans un message audio encore non authentifié, le chef de l'Aqmi a désigné jeudi le fondateur d'al-Qaida comme négociateur. «Toute forme de négociation sur ce sujet à l'avenir sera conduite avec personne d'autre que notre Sheikh Oussama ben Laden et selon ses conditions», a affirmé l'Algérien Abdelmalek Droukdel dans un enregistrement diffusé par la chaîne de télévision Al-Jazira et relevé par le centre américain de surveillance des sites islamistes SITE. «Si vous voulez que vos citoyens qui sont prisonniers chez nous soient sains et saufs, alors vous devez vous dépêcher et retirer vos soldats d'Afghanistan selon un calendrier précis que vous rendrez public», a ajouté le patron de l'Aqmi, qui a revendiqué le 21 septembre l'enlèvement des Français.
Mais la ministre des Affaires étrangères a d'ores et déjà opposé une fin de non recevoir. «La France ne peut accepter que sa politique soit dictée à l'extérieur par qui que ce soit». «La France fait tout ce qui est en son pouvoir pour que tous les otages, où qu'ils soient, soient libérés sains et saufs», a prévenu Michèle Alliot-Marie, dont les services sont en train d'authentifier l'enregistrement. Un premier message de revendications présenté comme venant de l'Aqmi avait été diffusé mi-octobre sur al-Arabiya. Les ravisseurs réclamaient l'abrogation de la loi sur l'interdiction du niqab, la libération d'activistes et sept millions d'euros en échange de la libération des otages. Mais la France avait des doutes sur la véracité et le sérieux du message. Ces demandes ne sont jamais remontées jusqu'au gouvernement français.
L'enregistrement de l'Aqmi, diffusé jeudi, survient trois semaines après la diffusion d'une allocution d'Oussama Ben Laden dans laquelle le leader d'al-Qaida avertissait que la France ne connaîtrait pas la sécurité tant qu'elle ne retirerait pas ses troupes d'Afghanistan et ne mettrait pas un terme à «ses injustices» à l'égard des musulmans. A l'image de l'interdiction du voile intégral. Cette intervention de ben Laden avait été interprétée par les experts comme un «blanc-seing» donné à l'Aqmi, dont les responsables ont fait allégeance à al-Qaida début 2007.
Juppé : «toutes les raisons de penser que les otages sont en vie»
Les cinq Français ont été enlevés, en même temps qu'un Malgache et un Togolais, dans la nuit du 15 au 16 septembre à Arlit dans le Nord du Niger, sur le site d'une mine d'uranium exploitée par Areva. Selon des sources maliennes et françaises, les otages sont détenus dans des collines désertiques du Timétrine, dans le nord-est du Mali, à une centaine de kilomètres de l'Algérie. Une première preuve de vie, une photo des prisonniers, a été diffusée fin octobre. Parmi les otages, le sort de Françoise Larribe, la seule femme du groupe suscite l'inquiétude. L'épouse d'un des cinq Français kidnappés souffre d'un cancer. Elle a reçu, il y a quelques jours par l'intermédiaire du Mali, des médicaments.
Le nouveau ministre français de la Défense, Alain Juppé, a indiqué mercredi qu'il y avait «toutes les raisons de penser» que les otages étaient vivants et en bonne santé, assurant qu'il existait des «contacts» avec les ravisseurs. De son côté, Daniel Benjamin, coordinateur pour l'antiterrorisme au Département d'Etat américain a rappelé également l'opposition de principe des Etats-Unis au paiement de rançons pour récupérer les otages de l'Aqmi. «Nous ne voulons pas nourrir les animaux sauvages parce qu'ils reviendront pour en avoir plus», a-t-il affirmé. L'Aqmi, dont les activités s'étendent du sud de l'Algérie au Mali, au Niger et à la Mauritanie, a multiplié les enlèvements d'Occidentaux ces dernières années. Le groupe a notamment revendiqué l'exécution cet été de l'humanitaire Michel Germaneau.
Source: LeFigaro.fr