
«Il est urgent de calmer le jeu», prévient-on au Quai d'Orsay, où l'on s'inquiète des tensions croissantes à l'approche de la publication de l'acte d'accusation par le Tribunal spécial sur le Liban (TSL), en charge de l'enquête sur l'assassinat de Rafik Hariri, en février 2005 à Beyrouth. Dans la ligne de mire de la justice internationale, le Hezbollah exige du gouvernement Hariri fils qu'il «cesse» de coopérer avec le TSL. Jeudi, son chef, Hassan Nasrallah, a même menacé de «couper la main» de toute personne qui arrêterait des membres de son parti. Plusieurs d'entre eux pourraient, en effet, être accusés par le TSL.

Le Hezbollah dans une impasse
Alors qu'en coulisses, l'Arabie saoudite et la Syrie cherchent, eux aussi, à convaincre leurs alliés libanais de parvenir à un compromis, la France veut contribuer à l'apaisement. «On va demander à Aoun et au Hezbollah d'encaisser gentiment les conclusions du TSL, qui ne sont jamais que des mises en examen avec présomption d'innocence», souligne un bon connaisseur du Liban. D'autant que la mise en accusation des responsables présumés de l'attentat pourrait être gardée secrète. Bref, comme le rappelait récemment l'ambassadeur de France au Liban, Denis Piéton, cet acte d'accusation tant redouté ne sera pas «la fin du monde». C'est aussi ce qu'a dit Bernard Kouchner, début novembre, lorsqu'il a rencontré à Beyrouth Ammar Moussawi, chargé des affaires internationales au Hezbollah. «Nous continuerons de discuter avec vous, après l'acte d'accusation», lui a assuré le ministre des Affaires étrangères, selon ses propos rapportés par la presse libanaise. Le problème, ajoute un diplomate arabe à Paris, c'est qu'en refusant tout compromis, le Hezbollah s'est placé dans une impasse. «Il rejette à la fois le Tribunal et l'acte d'accusation. On ne peut pas le suivre sur ce chemin-là», assure cette source.
Par Georges Malbrunot