Alors que le président américain qualifie la France de «partenaire exceptionnel» dans la lutte contre ce fléau, son homologue français souligne que toute «faiblesse serait profondément coupable».
C'est dans un contexte intérieur et international particulièrement troublé que Nicolas Sarkozy et Barack Obama se sont retrouvés lundi, à Washington, pour des consultations sur le G20 et le G8 et pour un tour des grands dossiers internationaux, dont celui, brûlant, du terrorisme islamiste.
Juste avant l'arrivée de son hôte français, le président américain avait observé un moment de silence après la tragédie de Tucson, samedi en Arizona, où un jeune déséquilibré de 22 ans, qualifié d'«extrémiste» par Hillary Clinton, a ouvert le feu sur la représentante démocrate au Congrès Gabrielle Giffords, la blessant grièvement ainsi que quatorze autres, et tuant six personnes dont une petite fille de 9 ans. L'affaire secoue l'ensemble de la classe politique américaine, qui s'interroge sur les effets pervers de la violence du débat politique ces derniers mois. Le pays est «en état de choc», a reconnu Obama.
Nicolas Sarkozy est quant à lui confronté à un nouveau drame dans la région sahélienne, après l'enlèvement au Niger, probablement par la branche maghrébine d'al-Qaida (Aqmi), de deux jeunes Français, qui ont péri samedi au cours d'une opération militaire franco-nigérienne. Présentant ses condoléances à son homologue pour la mort des deux hommes, Barack Obama a qualifié la France de «partenaire exceptionnel» dans la lutte contre le terrorisme, une «question clé» dans ses discussions avec Nicolas Sarkozy, qui a lui aussi loué l'excellente coopération bilatérale en la matière.
Les deux présidents ont évoqué l'Afghanistan, où leurs hommes sont engagés côte à côte, mais également l'arc du terrorisme dans la région sahélienne (Niger, Mauritanie, Mali), devenu un sujet central. Selon une note de WikiLeaks, les Français ont demandé il y a quelques mois aux Américains de plus s'impliquer dans la lutte contre al-Qaida au Maghreb. Paris et Washington, de même que Londres, jugeraient toutefois important de rester discrets sur ce front antiterroriste et de s'appuyer sur le contre-terrorisme local. «Les Américains et les Français sont déterminés à être des alliés sur ces sujets, a dit lundi le président français. La faiblesse serait profondément coupable et nous n'avons pas d'autre choix que de combattre les terroristes où qu'ils se trouvent.» «Les démocraties ne peuvent pas céder, les démocraties doivent se défendre quand des valeurs aussi fondamentales sont en cause», a ajouté le chef de l'État français.
La question d'Internet
Après avoir testé ensemble les idées de la France en matière de réforme du système monétaire international, qui semblent laisser Barack Obama assez tiède, les deux hommes ont également profité d'un déjeuner de travail pour évoquer ensemble les dossiers de la Côte d'Ivoire et du Soudan, sur lesquels ils se disent parfaitement en phase.
La conversation a été «approfondie» sur le dossier du Proche-Orient, au sujet duquel le président français a notamment expliqué à son interlocuteur la logique de son ouverture vers la Syrie. Les deux hommes ont aussi parlé du Liban et de la nécessité de permettre au tribunal spécial sur l'affaire Hariri de poursuivre ses travaux.
Ils ont aussi évoqué la question d'Internet, le chef de l'État français souhaitant en faire un thème phare de la prochaine rencontre du G8. Barack Obama aurait jugé intéressante l'idée d'inviter «des acteurs d'Internet» à participer aux travaux du sommet des huit pays industrialisés.
Nicolas Sarkozy a rejoint New York dans la foulée de ses entretiens à la Maison-Blanche. Outre une visite privée, il devait y rencontrer le roi Abdallah d'Arabie saoudite et le premier ministre libanais, Saad Hariri.
Source : Le Figaro.