mardi 18 janvier 2011

Débats à l'UMP : Sarkozy fixe les règles

Le chef de l'État est favorable à un dialogue sur la pratique religieuse, notamment celle de l'islam, dans l'espace public.

Des débats, oui, mais des débats utiles. Tel était le message adressé par Nicolas Sarkozy aux cadres dirigeants de l'UMP, réunis lundi matin à l'Élysée. La première réunion du genre depuis le début de l'année. L'occasion pour le président de revenir longuement sur quinze jours de controverses, devant le secrétaire général de l'UMP, Jean-François Copé et le premier ministre, François Fillon.

Très en verve, le chef de l'État a donné raison à tout le monde. Jean-François Copé, d'abord: «Un parti politique qui ne lance pas de débats, c'est comme un commerçant qui n'a rien dans sa vitrine», a lancé Sarkozy. Copé, qui veut promouvoir les débats tous azimuts, est ressorti de la réunion «aux anges», selon ses proches, et convaincu qu'il fallait continuer à aiguillonner la majorité. Mais le président n'a pas non plus désavoué François Fillon: «Il faut des débats utiles, et qui débouchent sur des propositions concrètes», a-t-il martelé, en laissant entendre que la réflexion lancée par le patron des députés UMP, Christian Jacob, sur «la pertinence de l'embauche à vie des fonctionnaires», était un «débat à vide» qui n'apportait rien. François Fillon, qui a sévèrement désavoué Christian Jacob la semaine dernière, en jugeant «franchement inutile» sa proposition, s'est donc senti, lui aussi, conforté.


Dans l'entourage du premier ministre, on relève qu'il faudra prendre soin d'éviter toute confusion entre les idées lancées par l'UMP et celles du candidat quand la campagne débutera, à la fin de l'année. De son côté, le chef du gouvernement a reçu hier après-midi le patron des députés UMP, pour faire le point. Un rendez-vous qui aura désormais lieu chaque semaine, comme l'ont décidé les deux hommes. En quittant Matignon, Jacob a estimé que ses relations avec Fillon étaient «normalisées». Fermez le ban.

Lundi matin à l'Élysée, Jean-François Copé a tout de même fait observer au premier ministre qu'il n'était pas constructif de «dramatiser les bévues» de tel ou tel - Christian Jacob en l'occurrence -, mais qu'il valait mieux «les banaliser». «De toute façon, vous n'empêcherez jamais les journalistes de penser que Copé et Fillon se détestent et que Sarkozy déteste tout le monde», a ironisé le président. Mais tous, autour de la table, sont tombés d'accord sur la nécessité de ne pas opposer gouvernement et UMP, notamment quand le parti décide de lancer des débats qui ne sont pas inscrits à l'agenda de l'exécutif. De son côté, François Fillon a insisté sur la nécessité de ne pas cantonner les débats à un seul registre (économie, social, sociétal) mais d'élargir le spectre, afin de coller au plus près à la diversité de la majorité.

Nicolas Sarkozy a d'ailleurs invité l'UMP à lancer des débats sur des thèmes «régaliens» (l'autorité de l'État, la sécurité, la justice). Il a notamment insisté sur la réforme de l'ordonnance de 1945 sur les mineurs, qui avait été évoquée par Brice Hortefeux, ou la création des jurys populaires. Il a aussi mentionné la compatibilité entre la République et certaines pratiques religieuses, en faisant allusion à celles de l'islam. Nicolas Sarkozy souhaite que l'UMP s'impose sur ce sujet sensible, plutôt que de se voir contrainte de courir derrière Marine Le Pen. La nouvelle présidente du Front national avait suscité un tollé en comparant la prière de certains musulmans dans la rue à une «occupation». Mais au-delà des «provocations» de la fille de l'ex-chef frontiste, le président estime que la question de la prière dans l'espace public est un vrai sujet. Nicolas Sarkozy a également demandé à l'UMP d'apporter sa contribution aux débats à venir sur la dépendance et la fiscalité.

Le chef de l'État a aussi évoqué les élections cantonales de mars, en appelant l'UMP à soutenir les candidats, sans oublier qu'il s'agissait avant tout d'un scrutin local et partiel (un canton sur deux sera renouvelé): «C'est toujours pareil, a-t-il plaisanté. Si le candidat perd, on dira que c'est à cause du contexte national. Mais s'il gagne, on dira que c'est parce que c'était un génie!» Au passage, Nicolas Sarkozy, qui fait de grands efforts ces derniers temps pour soigner ses relations avec les journalistes, n'a pas pu s'empêcher de pester une nouvelle fois contre les médias, qui lui reprochent son «silence», au cours de la crise tunisienne. «Sur la Côte d'Ivoire, on m'a accusé d'ingérence parce que j'ai demandé le respect du scrutin, et sur la Tunisie, où il n'y a pas eu d'élections, on me reproche mon absence d'ingérence», a-t-il lâché.

Source : Comité de soutien 2012
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