Fillon a aussi émis des réserves au débat lancé par le secrétaire général de l'UMP sur les 35 heures.
Bis repetita. François Fillon a une nouvelle fois recadré mardi Christian Jacob et, dans une moindre mesure, Jean-François Copé, dans le huis clos du groupe UMP à l'Assemblée. Comme la veille, lors de ses vœux à la presse, le premier ministre a estimé que le débat lancé par le patron des députés UMP sur «l'embauche à vie des fonctionnaires» était «dangereux et inutile». «Ce débat me gêne, je n'ai pas de problème avec ce que Christian a dit, mais en politique, ce n'est pas toujours ce qu'on dit qui compte, mais ce que les gens en font», a insisté Fillon dans un silence pesant.
Rappelant que «notre fonction publique est enviée dans le monde», le chef du gouvernement a demandé aux députés de «mesurer» les efforts déjà exigés depuis 2007 de la fonction publique d'État, dont le gel des salaires et le non-remplacement d'un fonctionnaire sur deux. «C'est beaucoup!», a-t-il indiqué, avant de trancher: «N'ouvrons pas le débat sur le statut de la fonction publique.»
«Vous devez entendre les opinions de chacun !»
Fillon a aussi émis des réserves au débat lancé par le secrétaire général de l'UMP sur les 35 heures: «Ce débat est très lourd de portée idéologique et de conséquences sur la vie des Français», a-t-il observé. Autre pique lancée à Copé, qui se veut l'agitateur d'idées en vue de 2012: «2011 ne doit pas être qu'une année de débats, mais aussi une année d'action.» Une intervention très applaudie par les troupes UMP. «C'était un recadrage à la manière de Fillon: feutrée, subtile, mais redoutablement sévère sur le fond», confie un participant.
Pour certains députés, Christian Jacob, dont les débuts à la présidence du groupe sont difficiles, fait figure de «maillon faible». «Fillon en profite pour réaffirmer son emprise sur les députés UMP», avance un élu. Ce n'est pas l'avis de Valérie Rosso-Debord (Meurthe-et-Moselle) qui dénonce un «bizutage» de Jacob. L'ancien ministre de la Fonction publique, qui assure avoir toujours voulu lutter contre la précarité des fonctionnaires, en a été blessé. Il a d'ailleurs appelé Fillon lundi soir pour calmer le jeu. Devant les députés, Jacob a tenté de se justifier: «Mon objectif n'est pas de revenir sur le statut de la fonction publique mais de développer les passerelles entre le public et le privé», a-t-il argué, en se défendant de tout désaccord avec Fillon.
Plus tôt dans la matinée, au bureau du groupe UMP, Copé avait pris les devants, en plaidant: «Une majorité sans idées est morte. Si on ne débat plus, on ne propose plus, on tire le rideau. Ce sera sans moi!» Le premier vice-président du groupe, Jean Leonetti (Alpes-Maritimes) en délicatesse avec Copé, a aussitôt mis en garde : «Si vous ouvrez les débats, vous devez entendre les opinions de chacun!» Ambiance.
Du côté des proches de Fillon, on veut croire que le recadrage opéré par le premier ministre a suscité l'adhésion du groupe. «Copé et Jacob agitent des chiffons rouges, s'inquiète Étienne Pinte (Yvelines). Nous sommes nombreux à penser que c'est risqué, à moins de trois mois des cantonales.» À l'inverse, d'autres estiment que le débat est indispensable au sein de la majorité, à l'instar de Camille de Rocca Serra (Corse du Sud): «Le débat sur les 35 heures a tout lieu d'être, nous avons la liberté de débattre.» Même tonalité chez Isabelle Vasseur (Aisne): «Le gouvernement n'est pas tout seul. Si les députés ne peuvent s'exprimer, ce n'est pas la peine de faire le job!»
Source : Le Figaro