Le chef de l'État a évoqué une possible réunion des députés et sénateurs en congrès à Versailles pour les tenir informés des travaux du G8 et du G20.
On attendait de Nicolas Sarkozy un recadrage des relations entre le gouvernement et sa majorité. Rien de tel. Le chef de l'État, qui a reçu ce mercredi soir les parlementaires pour la cérémonie des vœux, n'est pas entré dans les polémiques de ces derniers jours sur les 35 heures ou sur l'embauche à vie des fonctionnaires. Il est vrai qu'il n'était pas devant les seuls élus de la majorité, mais face à des parlementaires de tous bords, même si les élus du PCF et du Parti de gauche avaient annoncé qu'ils boycotteraient la réception. Même au PS, les deux présidents de groupe, Jean-Marc Ayrault et Jean-Pierre Bel, étaient aussi absents. En revanche, le maire de Paris, Bertrand Delanoë, avait répondu à l'invitation. Nicolas Sarkozy l'a remercié de «travailler avec le gouvernement» sur le schéma d'aménagement du Grand Paris.
«Le président n'est pas là pour recadrer. C'est le travail du premier ministre», décryptait un conseiller de l'Élysée. «Les rapports entre le gouvernement et le Parlement, qui font l'objet d'innombrables commentaires, sont excellents», a d'ailleurs assuré le président. Avant de poursuivre: «Y a-t-il un seul texte où le gouvernement a été mis en échec par sa majorité? Je n'en vois pas.» Nicolas Sarkozy a aussi souligné qu'il n'y avait jamais eu de «passage en force» au Parlement (utilisation du 49-3) depuis le début de la législature.
Nicolas Sarkozy a évoqué l'hypothèse de réunir dans le courant de l'année députés et sénateurs en congrès à Versailles, comme l'y autorise la réforme constitutionnelle de l'été 2008, pour les tenir informés des «détails des chantiers» de la présidence française des G8 et G20. «Les parlementaires seront associés à la présidence française. Il faudra d'ailleurs réfléchir sans doute à l'idée, pourquoi pas, d'un G20 des Parlements.»
En quarante minutes de discours, le président a utilisé un ton volontairement consensuel, et il a longuement développé le programme législatif «intense» de l'année 2011. Nicolas Sarkozy n'a pas caché aux parlementaires qu'il restait «peu de temps législatif utile» jusqu'à la fin du quinquennat. Selon lui, il reste «38 semaines en session ordinaire» dont 19 semaines d'ordre du jour propre au gouvernement. Soit au total «six mois de travail législatif intensif».
Le chef de l'État a remis à l'ordre du jour la fameuse «règle d'or», autrement dit le principe de la maîtrise des dépenses publiques qui devra être gravé dans le marbre constitutionnel. Il a affirmé qu'il souhaitait parvenir à «un consensus» car, a-t-il dit, «il faut savoir sortir de la politique partisane, et chacun aura un jour besoin de ce garde-fou». Des phrases apaisantes qui montrent que le président est conscient de la difficulté de réunir la majorité des trois cinquièmes des membres du Congrès du Parlement pour faire aboutir cette réforme constitutionnelle.
Un ton «serein et sage»
Il a évoqué les trois grands chantiers à venir: réforme de la fiscalité «dans un esprit de justice et d'efficacité», réforme de la dépendance et introduction des jurés populaires dans les tribunaux correctionnels. Nicolas Sarkozy s'est beaucoup étendu sur ce point, soulignant que «le fait d'être tiré au sort et de participer pendant une semaine à la vie d'un tribunal, c'est un acte d'intégration et de citoyenneté». Là encore, il a exprimé le vœu d'obtenir sur ce projet de loi «un consensus au-delà des attaches partisanes».
Citant abondamment le premier ministre, qu'il veut associer étroitement à toute son action, le président a annoncé, à la grande satisfaction des élus de la majorité, que le Parlement allait s'atteler d'ici à la fin mars à la simplification du stock des normes existantes. L'objectif est de simplifier la vie des acteurs économiques et de lutter contre les pesanteurs bureaucratiques.
Une initiative saluée par Pierre Méhaignerie. Le président de la commission des affaires sociales de l'Assemblée «attend avec impatience le rendez-vous de mars». Plus généralement, les élus UMP se sont félicités, du ton «serein, sage, moins impulsif» du président. «C'était un discours très structurant, qui nous a confirmés dans une volonté de réformer le pays jusqu'à la dernière heure», analysait Jean Leonetti, que le chef de l'État a d'ailleurs salué pour son travail sur la bioéthique. À l'inverse, le non-inscrit Nicolas Dupont-Aignan a jugé ses propos «très techniques, très éloignés des défis du pays».
Source : Lefigaro.fr