Nicolas Sarkozy a mis en garde vendredi contre "un plan particulièrement pervers d'épuration religieuse" au Moyen-Orient après les attaques contre les chrétiens survenues dans cette région.
Lors des voeux aux autorités religieuses à l'Elysée, le chef de l'Etat français a condamné les violences subies par cette communauté, comme l'attentat de la nuit de la Saint-Sylvestre qui a fait une vingtaine de morts dans une église d'Alexandrie, en Egypte, et les attaques contre des maisons chrétiennes de Bagdad, en Irak.
"Il faut y prendre garde, nous ne pouvons pas non plus admettre et donc faciliter ce qui ressemble de plus en plus, j'emploie un mot fort, à un plan particulièrement pervers d'épuration au Moyen-Orient, d'épuration religieuse", a dit le président français.
"En Irak comme en Egypte, les chrétiens d'Orient sont chez eux, et ils le sont pour la plupart depuis 2.000 ans", a-t-il souligné. "Nous ne pouvons pas accepter que cette diversité humaine, culturelle, religieuse qui est la norme en France, en Europe et dans la plupart des pays occidentaux disparaisse de cette partie du monde".
En ce jour de fête de Noël orthodoxe, selon le calendrier julien, Nicolas Sarkozy présentait ses voeux aux responsables des grandes religions. Le chef des coptes de France, Guirguis Lucas, était exceptionnellement présent.
Ce dernier avait célébré la messe de Noël la veille en son église de Châtenay-Malabry (Hauts-de-Seine) en présence de responsables catholiques, juifs, musulmans et protestants et du ministre de l'Intérieur, Brice Hortefeux.
Une cérémonie sous haute surveillance après les menaces proférées sur internet contre les églises coptes de France.
"Ce qui vaut pour le Noël copte aujourd'hui vaut bien évidemment pour tous les lieux de cultes qui se trouvent sur le territoire et donc sous la protection de la République", a dit Nicolas Sarkozy.
"LE DROIT DE CROIRE OU DE NE PAS CROIRE"
Après l'attentat d'Alexandrie, l'ensemble des autorités religieuses en France ont fait part de leur indignation et de leur solidarité.
Pour l'archevêque de Paris, Mgr André Vingt-Trois, le mot "épuration" employé par Nicolas Sarkozy n'est pas trop fort.
"Si vous prenez une population qui était, mettons, d'un million il y a dix ans et qui est de 200.000 aujourd'hui, il faut bien constater qu'il y a eu une épuration", a-t-il dit à la presse. "Quand on plastique les maisons, c'est bien pour que les gens les quittent, pas pour qu'ils les réparent".
Guirguis Lucas dit regretter pour sa part que les auteurs des attentats en Egypte ne soient pas jugés. "Même s'il y a des persécutions, des attentats, nous sommes là. C'est un pays chrétien depuis le départ", a-t-il souligné.
La communauté musulmane de France est "la première horrifiée par les crimes que l'on commet en son nom", a dit Nicolas Sarkozy, qui s'est par ailleurs inquiété de la montée de l'islamophobie, notamment reflétée par les sondages.
"Si telle religion est irrationnellement perçue, chez nous, comme une menace, nous devons combattre cette réaction irrationnelle par la connaissance mutuelle et par la compréhension de l'autre", a-t-il estimé.
Partisan d'une "laïcité positive", un terme utilisé au début de son mandat dans lequel certains ont vu une menace contre la séparation entre l'Eglise et l'Etat décrétée en France en 1905, Nicolas Sarkozy a plaidé vendredi pour une République laïque qui assure à chacun "le droit de croire ou de ne pas croire" et "entretient un dialogue permanent avec les religions".
"Aucune religion ne dictera jamais sa conduite à la République mais en quoi la République serait-elle menacée d'écouter ce que les hommes et les femmes de Dieu ont à lui dire ?", s'est-il interrogé.