Sans être officiellement candidat à sa réélection, Nicolas Sarkozy commence à roder quelques thèmes de campagne lors de ses déplacementsen province.
Tendu vers l'échéance présidentielle, le chef de l'État invite ses amis à ne pas se fier aux sondages qui le donnent perdant.
À moins de cinq cents jours de l'élection présidentielle, Nicolas Sarkozy ne manque pas une occasion de s'afficher confiant. Très confiant, même. Mardi soir, il a rencontré les grands donateurs de l'UMP, membres du «premier cercle», dans un grand hôtel parisien, porte Maillot. Il s'agissait de la troisième réunion de ce type depuis septembre, selon le trésorier du parti, Dominique Dord. Mais la première en présence de Nicolas Sarkozy, depuis les remous suscités par l'affaire Woerth.
Devant ces militants privilégiés de l'UMP, le chef de l'État est apparu très sûr de lui, alors même que les sondages le donnent largement battu en 2012 par le candidat socialiste, quel qu'il soit. «Ne vous fiez pas aux sondages. Les Français aiment malmener ceux qui sont à leur tête. Et ils ont des favoris qui ne tiennent pas la route. Regardez Delors: il aurait dû faire dix mandats si l'on avait suivi les sondages. Et Jospin: pendant cinq ans tout le monde le voyait président. Et puis il y a le cas Balladur, je suis bien placé pour le savoir», a ironisé Sarkozy à propos de l'ancien premier ministre que tout le monde voyait gagner la présidentielle de 1995. «Ils devaient tous être élus», a-t-il conclu, en égratignant au passage la gauche, cette «opposition qui se regarde le nombril» pendant que lui «s'occupe de la France».
Cette confiance, Nicolas Sarkozy la distille aussi dans ses tête-à-tête, à l'Élysée. Il y a quelques semaines, le chef de l'État était interrogé par un ancien ministre, inquiet: «Je comprends ta stratégie de premier tour, rassembler ton camp, a lâché le visiteur. Mais il y a aussi un deuxième tour. Tu auras besoin d'ouvrir…» Le président a haussé les yeux au ciel, avant de répondre, cassant: «Oui, oui, d'accord… Enfin, laissez-moi quand même avoir une opinion! Je te rappelle que j'ai déjà été dans la bataille, et qu'en plus je l'ai gagnée! Je ne dis pas ça pour toi, mais regarde Jean-Louis (Borloo): quelques semaines avant le premier tour (en 2007, NDLR) il ne croyait toujours pas en ma victoire! Alors, ça suffit! D'ailleurs, je ne suis pas dans une stratégie de premier ou de deuxième tour. Je veux créer une dynamique…»
«DSK est le candidat idéal»
Officiellement, Nicolas Sarkozy n'est pas candidat. Mais la présidentielle l'habite. Devant ses visiteurs, il évalue les forces et les faiblesses de ses potentiels adversaires de gauche: «DSK est le candidat idéal pour moi», répète-t-il, persuadé que le directeur du FMI ne parviendra pas à rassembler son camp. Le chef de l'État ne croit pas que Dominique Strauss-Kahn sera candidat. Quant à Martine Aubry, la candidate la plus probable selon l'Élysée - où l'on redoute davantage une candidature de François Hollande -, «elle manque de charisme», a confié le président à un proche. Nicolas Sarkozy estime en outre qu'il bénéficiera d'un bon report des voix FN au deuxième tour. Et il ne paraît pas très inquiet de la percée médiatique de Marine Le Pen. «Elle a moins de talent que son père», glisse-t-il.
Décidément très confiant, il arrive même à Sarkozy d'évoquer l'après-2012: «Je changerai tous les ministres, je ferai monter une nouvelle génération…», s'enthousiasmait-il récemment devant un poids lourd de la majorité. «Il n'y a que ça qui l'intéresse, glisse un ministre gradé. Son G20 et l'après-2012. C'est comme s'il avait déjà gagné.»
Inutile de se précipiter dans la campagne, donc. Même s'il y est déjà, à sa manière. Lors de ses déplacements en province, il commence à roder des thèmes, comme la semaine dernière dans l'Indre: «L'égalité, l'unité, la justice, a-t-il égrené au détour d'un discours sur la dépendance. Je veux aller au fond de ces débats avec les Français.» À l'Élysée, Claude Guéant a chargé le conseiller éducation, Jean-Baptiste de Froment, de faire l'officier de liaison entre les conseillers du palais et l'équipe de l'UMP qui travaille au projet autour du ministre de l'Agriculture, Bruno Le Maire. Mais le secrétaire général leur a fait savoir vertement il y a quelques jours qu'il n'était pas question de donner le sentiment que «le président est en campagne».
Source : Comité de soutien 2012
Source : Comité de soutien 2012