Avec 2012 en ligne de mire, Jean-François Copé souhaite que ce débat alimente le projet du candidat Sarkozy.
Haro sur les 35 heures ! L'offensive, annoncée par Jean-François Copé lors de son premier conseil national de secrétaire général de l'UMP, le 11 décembre, commence mercredi. Hervé Novelli, secrétaire général adjoint du parti majoritaire, soumet mercredi matin au bureau politique sa stratégie pour en finir avec la réduction du temps de travail.
Le député d'Indre-et-Loire est l'auteur d'un rapport parlementaire datant de 2004 qui dresse un bilan aussi exhaustif qu'accablant des lois Aubry. Premier ministre à l'époque, Jean-Pierre Raffarin avait décidé de s'en tenir à quelques aménagements, avec l'accord de Jacques Chirac, peu désireux de s'attaquer à un sujet aussi explosif. Nicolas Sarkozy lui-même était jusqu'à présent favorable à un «détricotage» en douceur, la perspective de «travailler plus pour gagner plus», le slogan phare de sa campagne, s'étant éloignée au fur et à mesure que la France s'enfonçait dans la crise.
Aujourd'hui, le contexte a changé. Notre pays n'a «plus le choix», selon Jean-François Copé, qui explique : «On a ouvert une brèche importante avec les retraites, il faut en ouvrir une deuxième avec le temps de travail.» Il assure avoir obtenu un feu vert de Nicolas Sarkozy pour «foncer» quand il l'a vu, dimanche, et être en phase avec le secrétaire général de l'Élysée Claude Guéant, avec lequel il «parle beaucoup». Face à de tels soutiens, peu lui importent les critiques du ministre du Travail, Xavier Bertrand. Son successeur à la tête de l'UMP les évacue d'une phrase : «Il y a toujours des verrouilleurs de débats, mais si Nicolas Sarkozy avait voulu que le débat soit verrouillé à l'UMP, il ne m'aurait pas choisi !»
Le but de la manœuvre n'est pas d'en finir avec les 35 heures dans les mois qui viennent, mais d'alimenter le projet du candidat à la présidentielle de 2012. Dans un premier temps, il «faut que le débat imprègne l'atmosphère», estime Copé. Novelli tient un argumentaire prêt à l'emploi à sa disposition. Petit a, «les 22 milliards d'allégements de charges censées compenser le coût des 35 heures pour les entreprises ne compensent plus rien, parce que les gains de productivité ont permis d'absorber le choc de la réduction du temps de travail. C'est 22 milliards de cadeau ! On comprend que les entreprises ne soient pas enthousiastes à l'idée d'y renoncer.» Petit b, «les salariés ont déjà subi une perte de pouvoir d'achat avec les 35 heures, ils se demandent maintenant à quelle sauce ils vont être mangés». La solution ? Une sortie des 35 heures «en sifflet». «L'État réduirait progressivement les allégements fiscaux - par exemple sur cinq ans - et en contrepartie, les entreprises auraient davantage de flexibilité en matière de fixation de la durée du travail, explique l'ex-ministre des PME. Les heures supplémentaires seraient supprimées, l'employeur s'engageant de son côté à verser une prime à l'employé pour éviter que l'opération se traduise par une perte de revenu pour l'employé, pendant une période donnée qui pourrait être de deux ans.»
«Valeur de symbole»
L'UMP va-t-elle proposer de s'attaquer à la durée légale du temps de travail ? «On verra», évacue Jean-François Copé. «On n'y touchera pas dans un premier temps, parce qu'elle a valeur de symbole», précise Hervé Novelli, en rappelant que la durée du travail est inscrite dans la loi depuis 1936. «Le but, ajoute-t-il, c'est de transférer du législateur aux partenaires sociaux la fixation des normes dans la plus grande partie possible du champ social. Ce pourrait être l'objet d'un nouveau contrat social, susceptible de constituer une des propositions phares de notre candidat en 2012. S'il la fait sienne, bien sûr».
Nicolas Sarkozy a encore du temps pour se décider. D'ici là, le débat sur les 35 heures aura fait plus de mal à gauche qu'à droite, comme le montre le tollé soulevé au PS par Manuel Valls.
Source : Le Figaro