jeudi 16 décembre 2010

Le réquisitoire de Fillon contre le Front national

Le premier ministre, qui les recevait mardi soir à Matignon, a appelé les parlementaires de la majorité à l'unité.

Un discours de campagne. Recevant à Matignon les députés et sénateurs de la majorité, avant les fêtes de fin d'année, le premier ministre a sonné la charge contre la gauche, d'un côté, et le Front national, de l'autre. Alors que Marine Le Pen a suscité une polémique en comparant les prières des musulmans dans la rue à une «occupation», François Fillon a martelé que le FN ne méritait «pas de complaisance» . D'abord parce que son projet est «dangereux et inconsistant»,a-t-il argué. Mais aussi parce que «la droite républicaine et le centre» sont ses «cibles principales». Alors qu'un grand nombre de responsables de la majorité s'inquiètent, en public (comme le patron de l'UMP, Jean-François Copé, samedi devant le conseil national du parti) ou en privé, de la forte cote de popularité dont bénéficie la fille de Jean-Marie Le Pen, François Fillon a donné le ton : «Nous devons être fermes sur le fond». Il a surtout demandé à ses troupes de ne pas «foncer tête baissée dans toutes les provocations». «De l'extrême gauche à l'extrême droite, ils seront tous contre nous et contre le président», a-t-il poursuivi, allusion à l'antisarkozysme qui sera l'une des composantes de la prochaine campagne. «Il faudra former un bloc autour du chef de l'État», a ajouté Fillon.


Le président du Sénat à sa droite, celui de l'Assemblée à sa gauche, le premier ministre s'est une nouvelle fois posé mardi en véritable chef de la majorité. Devant un parterre de députés et de sénateurs, il a commencé son discours en disant merci. Pour le travail accompli. Mais sans doute aussi, en filigrane, pour le soutien de ces parlementaires à qui il doit en grande partie sa reconduction à Matignon. Le chef du gouvernement a appelé une nouvelle fois à l'unité, alors que le remaniement a fait des déçus parmi les centristes et les libéraux, notamment. «Ne jouons pas avec de vieilles allumettes qui ont consumé la droite», a-t-il prévenu.

Une feuille de route offensive

Alors que Copé et Fillon se disputent plus ou moins ouvertement le leadership de la majorité et les avant-postes de la future campagne, Fillon a poussé son avantage mardi, en dessinant une feuille de route offensive pour les mois «cruciaux» à venir : la sortie de crise, la cohésion sociale et la poursuite des réformes. «L'objectif étant d'arriver en 2012 avec un bilan aussi solide que possible», a-t-il indiqué, en se félicitant une fois de plus des résultats obtenus dans la gestion de crise. Mais il a appelé aussi à se montrer «humbles» et «lucides» face aux Français. Celui qui, depuis trois ans, a construit une image de responsable politique n'ayant pas peur de dire la vérité aux Français, a décliné les valeurs auxquelles il tient : vérité, efforts, solidité : «Je crois que la franchise est au cœur de la confiance,a-t-il souligné. L'élection à venir reposera largement sur la crédibilité politique.» Endossant une nouvelle fois ses habits de père la rigueur, il a estimé que ce gouvernement incarnait des «heures difficiles» pour les Français. «Nous ne sommes pas dans la situation de jeunes premiers»,a-t-il ajouté. Fortifié par le remaniement, Fillon a pleinement joué mardi son rôle de chef du gouvernement et de la majorité. Un fonctionnement institutionnel normal, mais qui avait été souvent éclipsé par l'hyperactivité de Nicolas Sarkozy. Dans la matinée, Fillon a ainsi organisé une réunion de crise à Matignon sur les intempéries. «Une réunion qui, il y a peu, aurait sans doute été tenue à l'Élysée», sourit une source gouvernementale. Dans l'après-midi, il a tenté de mettre un terme à la polémique ayant opposé les ministres de l'Intérieur et de la Justice après les propos de Brice Hortefeux ayant qualifié de «disproportionnée» la condamnation de policiers. «Mercier et Hortefeux ont toute ma confiance», a rappelé Fillon, qui doit déjeuner mercredi avec Hortefeux à Matignon. L'omni-présence des derniers jours réjouit et inquiète à la fois certains de ses proches : «Il faut faire attention, prévient l'un d'eux. Il a fait son succès sur sa modestie et sa retenue. il faut éviter de rouler les mécaniques. Sinon, il se brûlera les ailes».

Source : Le Mouvement Populaire
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